Il fut des temps, les personnes susceptibles de s’exprimer en public, y compris même dans une réunion de famille, étaient choisies en fonction de plusieurs critères.
Les critères les plus déterminants étaient, bien évidemment, la capacité de discernement, la maîtrise du verbe et l’intelligence situationnelle.
Ceux-ci, de tout temps et en toutes circonstances, ont toujours été le fruit d’une éducation dont la réussite ou l’échec se lisent dans les faits et gestes de chaque individu.
En conséquence, avoir droit à la parole, de surcroît, lorsque celle-ci est quasi-permanente dans un média, est une lourde responsabilité qui ne doit point être confiée à n’importe qui.
Voilà pourquoi, jusqu’à une certaine période, les femmes et hommes de média ont toujours été rigoureusement choisis parmi les meilleurs en communication, parmi les plus cultivés, parmi les plus responsables.
Un journaliste, c’est d’abord et avant tout la culture générale, la connaissance du milieu; donc un ensemble de connaissances de base, combinées avec la maîtrise des règles de bienséance et, surtout, l’art de parler.
Pour en venir à ce cas qui fait polémique en ce moment, je présente infra une brève lecture de la bourde de ngonéique.
Quand j’ai écouté Ngoné, je me suis rendu compte qu’elle n’a fait que relayer des propos primaires-procédé courant chez les personnes intellectuellement et mentalement limitées- qui consistent à chercher des explications des griefs adressés à un individu pourtant majeur et responsable de ses faits et gestes, en accusant sa communauté d’origine.
Je parle de « primaires », parce que c’est le jugement le plus basique, le plus facile, que je peux même qualifié d’instinctif.
Une telle façon de voir est réservée aux personnes qui sont restées au niveau zéro de la réflexion, de l’analyse.
Toutefois, l’utilisation de l’expression « ay jaawando lañu » a particulièrement attiré mon attention et, par la suite, conforté la conclusion de mon analyse.
J’ai d’abord pensé à un mot wolof proche du terme « jaawando » qui renvoie à une composante ethnique chez les Peuls.
En effet, d’un point de vue purement sociologique, un « jaawando » n’exerce pas le pouvoir, mais reste un éminent spécialiste du pouvoir, de l’entourage royal, en société traditionnelle peule.
C’est un diplomate attesté, un conseiller par excellence de celui qui exerce le pouvoir.
C’est ce qui me fait penser à une conversation de borne fontaine qu’elle aurait eue avec quelqu’un qui lui aurait dit que Macky Sall n’appartiendrait pas à une communauté ayant droit à l’exercice du pouvoir.
Ces considérations, quoi que toujours présentes dans une certaine façon de voir largement répandue en Afrique-chose facile à comprendre pour ceux qui savent-, n’ont aucune valeur en République où les fonctions priment sur les personnes, les individualités.
Malheureusement, nous sommes encore très loin de ce niveau d’ancrage républicain.
Beaucoup de personnes vivent en République mais réfléchissent et parfois agissent en monarchie.
Pour rappel soci-historique, Macky Sall est un « Ceddo » et non un « jaawando ».
Chez les Poulâr (Peuls du Fouta Tôro), le « Ceddo » est traditionnellement un guerrier, un soldat de métier.
À un certain moment, les « Ceddo » ont exercé le pouvoir au Fouta Tôro. Cela correspond à une période historique dont les caractéristiques et le mode de gouvernance dépassent les frontières de cette partie de l’actuel Sénégal.
Les propos de Ngoné Saliou s’inscrivent donc manifestement dans cette logique de renvoyer Macky à sa communauté, mais-un peu à sa décharge-, ne visent apparemment pas toute l’ethnie peule.
Je pense que, quelle que soit la faiblesse de son niveau, elle doit valoir plus que cela.
En s’excusant, elle mesure la portée de ses propos, tout en faisant preuve de grandeur.
Personnellement, je ne pense pas qu’elle puisse en vouloir à l’ethnie peule, à la communauté ou même à la famille biologique de Macky.
Elle est d’un clan supérieur à ce niveau. J’espère.
Par ailleurs, je la trouve particulièrement très excitée ces temps-ci. Peut-être que c’est dû à la fatigue ou à d’autres façons.
Son organe de presse gagnerait à la « mettre au frigo », en lui octroyant des congés pour la protéger.
Elle n’a pas du tout l’air d’être dans son assiette.
Si nous en parlons, c’est parce qu’il s’agit quand même d’une personne qui se présente ou qui est présentée comme une journaliste.
Pr Amadou Sow
Enseignant-chercheur
FASTEF/UCAD